CONSÉCRATION PERSONNNELLE

 

au

 

Sacré Cœur de Jésus

 

Florentino Alcañiz, S.J.

 

                                                              Sainte Margerite-Marie Alacoque   Sainte Margerite-Marie Alacoque

Importance de la dévotion au Sacré Cœur

 

Trois sortes d´âmes

 

            Repose‑toi, donc, un peu, âme chré­tienne, et écoute les douces paroles du Cœur de Jésus, de ce Dieu d'amour et de miséricorde qui ne souhaite que ton bien.

 

            Dis‑moi, mon fils, es‑tu heureux? Es‑tu satisfait? Ton cœur est‑il tranquille? Jouit‑il de cette paix, de ce repos qui ressemble au repos du sable au fond des mers très profondes? Peut‑être es‑tu une de ces âmes qui pleurent parce qu'elles tombent á chaque pas dans un péché, et, comme des colombes aux ailes souillées de boue, ne peuvent point prendre leur essor vers des régions plus pures? Peut­-être es‑tu une de ces autres âmes qui se traînent sur la voie de la vertu avec la froide pesanteur de cette phtisie de l'es­prit qu'on appelle « tiédeur »? Peut‑être encore es‑tu de celles qui ne vivent pas dans le péché ni dans la pratique de la vertu, mais dont les yeux reflètent le découragement, parce que, comme des aigles aux ailes coupées, elles ne font que se lancer et se relancer dans l'espace sans parvenir jamais á prendre leur vol, ou, comme des voyageurs contraints de s'avancer sur un terrain toujours mouvant, elles se fatiguent de marcher sans cesse et de faire si peu de chemin... Si tu savais comme je plains ces pauvres Ames... et elles sont si nombreuses!

 

Un grand remède

 

            Mais écoute les paroles de consolation que j'ai confiées à mes confidents les plus intimes pour qu'elles soient comme les fils électriques par lesquels puisse arriver au monde le feu de mon Cœur plein d'amour: «... Les trésors de grâces et de bénédictions que ce Sacré Cœur renferme sont infinis; je ne sache pas qu'il y ait nul exercice de dévotion dans la vie spiri­tuelle qui soit plus propre pour élever en peu de temps une âme à la plus haute perfection et lui faire goûter les véritables douceurs que l'on trouve au service de Jésus‑Christ ».

 

            «Je ne sais, ma chère Mère, si vous comprendrez ce que c'est que la dévotion au Sacré Cœur de Notre‑Seigneur Jésus Christ, dont je vous parle, laquelle fait un grand fruit et changement en tous ceux qui s'y consacrent et adonnent avec ferveur », écrit Sainte Marguerite – Marie Alacoque.

            «Pour les personnes séculières, elles trouveront, par le moyen de cette aimable dévotion, tous les secours nécessaires à leur état, c'est‑á‑dire la paix dans leurs familles, le soulagement dans leurs tra­vaux, les bénédictions du Ciel dans toutes les entreprises, la consolation dans leurs misères; et c'est proprement dans ce Sacré Cœur qu'elles trouveront un lieu de refuge pendant toute leur vie et prin­cipalement, à l´heure de la mort. Ah! qu'il est doux de mourir après avoir eu une tendre dévotion au Sacré Cœur de Jésus‑Christ! ».

 

            «Faites en sorte, surtout, que les per­sonnes religieuses I'embrassent, car elles en retireront tant de secours qu'il ne faudrait point d'autre moyen pour réta­blir la première ferveur et la plus exacte régularité dans les Communautés les moins bien réglées, et pour porter au comble de la perfection celles qui vivent dans la plus grande régularité».

 

            «Un jour de vendredi, pendant la sainte communion, il dit ces paroles à son indigne esclave: Je te promets, dans ­l´excessive miséricorde de mon Cœur que son amour tout‑puissant accordera á tous ceux qui communieront neuf premiers vendredis de mois de suite, la grâce de la pénitence finale, ne mourant point dans ma disgrâce et sans recevoir leurs sacrements, mon divin Cœur se rendant leur asile assuré au dernier moment».

 

            «Notre glorieux protecteur saint Mi­chel, accompagné d'une innombrable foule d'esprits angéliques me certifia une fois encore qu'il était chargé de la cause du Sacré Cœur comme d'une des plus grandes affaires de la gloire de Dieu, et de l´utilité de l'Eglise qui dans toute la série des siècles se soit offerte dans le monde... Ce mystère caché aux siècles, ce sacrement manifesté de nouveau au monde, ce dessein de toute l´éternité en faveur des hommes mais découvert maintenant á l'Eglise, est, pour ainsi dire, un de ceux qui gagnent l'attention d'un Dieu soigneux de notre bien et de la gloire du Sauveur»

 

            «Il me semblait voir (intérieurement) cette lumière, le Cœur de Jésus, ce soleil adorable, qui faisait descendre ses rayons sur la terre, et d'abord très étroitement, puis les élargissant, et enfin illuminant avec eux toute la terre. Et il me dit : par l´éclat de cette lumière les peuples et les nations seront éclairées, et par son ardeur ils seront réchauffés».

 

            Dis‑moi maintenant, mon fils, avec sincérité, si après avoir lu ces lignes tu ne commences pas a croire que la dévotion au Sacré Cœur est quelque chose de bien grand dans le monde! Oui, mon fils, si tu en doutes étudie cette question et tu pourras te convaincre par toi-même; c'est cette conviction personnelle que je désirerais le plus dans tous mes fidèles, et surtout chez mes prêtres et chez les religieux. Non qu'ils ne croient pas parce qu'ils ont lu ou qu'i1s ont entendu telle ou telle chose; mais qu'ils connaissent parce qu'ils ont vu; c'est comme cela que se forment les convaincus, les seuls qui font quelque chose sur la terre.

            Oh! si tu arrivais à être un de ces convaincus de mon Cœur!

 

Deux sortes de dévotion

 

            Mes bijoux les plus précieux gisent, hélas, au fond de mon trésor parce que beaucoup ne se sont pas aperçus de leur présence. Cette dévotion. est un filon d'or qui traverse tout le champ de l'Eglise; généralement on n'exploite que les couches les plus proches de la surface, que. tous peuvent percevoir et dont on peut profiter sans trop de travail.

 

            Qui ne connaît, par exemple, la communion. des premiers vendredis du mois et la consécration des familles? Qui n´a pas assisté quelquefois á une fête célébrée en mon honneur? Qui n'a pas donné son nom a quelque Confrérie et n´y remplit pas ses devoirs les plus faci­les? Tous ceux qui font cela ce sont les voyageurs qui, passant sur le filon d’or, remuent un peu la terre et se contentent des quelques grains qu'ils peuvent ra­masser. Mais il y en a très peu qui veu­lent approfondir la mine; très peu qui veulent être mineurs de profession.

 

II.- La Consécration

 

            En effet, la consécration est la pratique fondamentale de la dévotion à mon Cœur amoureux. Combien de personnes font chaque jour leur consécration en la li­sant,dans un livre de prières, et cepen­dant, ce ne sont pas des âmes vraiment consacrées ; elles ne font point consécration, elles la lisent; ce sont des liseuses de consécrations. Ecoute donc, mon fils, en quoi consiste la véritable consécration, comme je l'ai expliqué moi‑même á mes amis les plus proches, et comme ils l´ont enseigné dans leurs écrits et l´ont con­firmé de leur exemple.

 

Un contrat

 

            La consécration peut se réduire á un contrat; á ce même contrat que j'offris un jour á mon premier apôtre en Espagne, Bernard de Hoyos, et que j'avais proposé en d'autres termes à Sainte Marguerite: «Aie soin de moi et de mes affaires et j'aurai soin de toi et des tiennes.» Avec toi aussi je désirerais faire  ce contrat. Moi, qui, étant, comme je le suis, Seigneur de toutes choses, pouvais demander sans conditions, j'aime les pourparlers avec mes créatures. Vois, mon fils, comme je m'abaisse. Et toi, veux‑tu faire ce contrat avec moi? N'aie point peur de perdre. Quand je traite avec mes créatures, je suis bénin et si condescendant qu'on dirait qu'on me trompe. Et puis c'est un contrat qui ne t´obligera sous aucune sorte de péché. Car je ne veux point des obligations qui étouffent; je veux de l´amour, de la paix, non des angoisses, ni des sursauts de conscience.

 

            Comme tu le vois, le contrat a deux parties dont l´une m'oblige moi-même ; l´autre te concerne. A Moi d´avoir soin de toi et de tes affaires ; à toi d´avoir soin de Moi et des miennes. N´est-ce pas que ce contrat est très doux ?

 

 

Première partie de la Consécration

 

            Commençons donc par ma partie. J'aurai soin de toi et de tes affaires. Pour cela il est nécessaire que toutes tes choses, ton âme, ton corps, ta santé, ta  famille, tes préoccupations. tout en un mot, soient dans les mains de ma divine Providence, et que tu me laisses faire. Je veux tout arranger selon mon bon plaisir et avoir pour cela les mains libres. Ainsi je désire avoir toutes les clefs; que tu me donnes la permission d'en user, toutes les fois que je le voudrai, sans épier mes pas; que tu n'exiges jamais de moi la raison de ce que je fais dans tes affaires, quand même la chose te paraîtra tourner à ton désavantage. Tu devras peut‑être marcher quelquefois comme un aveugle, mais alors ta consolation doit être de savoir que tu es en bonnes mains. Et puis, quand tu m'offres tes actions, ce ne doit pas être pour que je les arrange toujours selon ton agrément, mais pour que je les arrange comme bon me semblera; agir autrement serait me poser des conditions et te chercher toi­-même. Tu ne vois que le présent; je vois tout ce qui doit venir; tu regardes avec un microscope; je regarde, moi, avec un télescope de grande puissance; et ainsi des solutions qui te paraissaient les plus convenables sont maintes fois périlleuses pour l'avenir. Sans compter que, parfois je permettrai des ennuis pour éprouver ta confiance et pour te faire gagner plus de gloire.

 

            Mais avec cela je ne prétends pas que tu t´abandonnes á une espèce de fatal quiétisme et que tu négliges tes affaires. Tu dois suivre la loi de l'Evangile: «Quand vous aurez fait tout ce qui vous est ordonné, dites: nous sommes des serviteurs inutiles». Tu devras toujours faire toutes les diligences nécessaires, comme si le succès ne dépendait que de toi, et puis me dire humblement: «Cœur de Jésus, j´ai fait ce que bonnement j´ai pu ; le reste est à vous, je le laisse à votre Providence» Et après cela, tâche d´éloigner toute inquiétude et de rester avec la paix d´un lac dans les tranquilles soirs d´automne.

 

Ce que l´on doit offrir

 

            Comme je viens de le dire, tu dois m´offrir tout sans exclure absolument rien, puisque seules les personnes qui n´ont pas de confiance en moi excluent quelque chose.

 

TON AME

 

            Mets-la dans mes mains; ton salut, ta gloire dans le ciel, ton progrès dans la vertu, tes´ défauts, tes passions, tes misères, tout; il y a des personnes qui sont toujours pleines de crainte, d´angoisses,  découragées dans les voies de l´esprit. Si tu ressens cela, mon fils, parce que tu pèches mortellement, ce n´est que très juste ; c´est une état très triste que celui du péché mortel et dont tu dois sortir aussitôt que possible, puisqu´il te rend mon ennemi. Efforce-toi  donc, de venir à moi au plus tôt, et je suis disposé à t´aider beaucoup; et surtout confesse‑toi fréquemment, chaque semaine si tu peux le faire, car c´est là un excellent remède.

 

            Les fautes graves ne peuvent t´empêcher de venir á moi, si tu te décides à changer de vie; alors ton propos de consécration sera un magnifique chemin pour t´aider a sortir de ton triste état.

 

            Il y a encore une autre sorte de personnes qui ne pèchent pas mortellement et qui cependant sont toujours attristées parce qu'elles croient ne pas avancer dans le chemin de la vertu et de la vie spirituelle. Cela, je ne l´aime pas. Tu dois faire tout le possible de ton côte, et ensuite m'abandonner le reste. Le Ciel est un jardin complet et ainsi toutes les plantes doivent y être représentées; toutes ne peuvent être des arbres ou des lis, des roses ou des œillets; il faut qu'il y ait du thym; offre-toi donc à occuper cette place, si humble soit‑elle. Ces amertumes chez des personnes qui ne pèchent pas mortellement proviennent de ce qu´elles recherchent leur gloire et non la mienne. La vertu, la perfection ont deux aspects; celui d'être ton propre bien et celui d'être un bien à moi. Tu dois la procurer dans la paix, mais parce qu'elle est un bien al moi; car tes affaires, en tant qu'elles sont à toi, tu dois me les remettre, à moi. Et tu sais bien que je ferai mieux l´œuvre de ta perfection que tu ne la ferais toi‑même.

 

TON CORPS

 

            Je veux aussi avoir à ma charge ta santé et ta vie, mais pour cela tu dois les mettre dans mes mains. Je sais ce qui te convient le mieux; toi, tu ne le sais pas. Prends les moyens nécessaires pour conserver ou pour refaire ta santé, et laisse‑moi le reste sans fausses ima­ginations, bien persuadé que c'est de moi que viennent les maladies et la santé, et non des remèdes et des médecins.

 

TA FAMILLE

 

            Parents, époux, fils, frères. Il y a des personnes qui ne trouvent aucune diffi­culté pour s'offrir á moi, mais qui crai­gnent de me confier les leurs, ou tel membre de la famille qu´elles aiment. On dirait que je vais tuer tout ce que l'on me confie! Quelle pauvre idée on a de moi! Ces personnes disent qu'elles n'ont pas de difficulté pour souffrir, mais qu'elles ne veulent pas voir souffrir les leurs; elles croient que se consacrer à moi et commencer à souffrir ne sont qu'une seule et même chose. Où donc a‑t‑on puisé cette idée? Car le but de la consécration est d'adoucir les croix et les amertumes que vous devez tous suppor­ter pendant la vie.

 

TES BIENS TEMPORELS

 

            Propriétés, affaires, études, emploi, maison, etc. Je n'exige pas que les âmes qui veulent me suivre laissent toutes ces choses, á moins qu'il ne me plaise de les appeler á l´état religieux. Tout au con­traire, elles doivent en avoir soin, parce qu'elles constituent une part des obliga­tions de leur état. Ce que je leur demande, c'est de tout mettre dans mes mains; de faire ce qu'elles pourront et de laisser ensuite le succès dans mes mains, sans angoisses, sans désespoir.

 

TES BIENS SPIRITUELS

 

            Tu sais bien que dans toutes les œuvres de vertu que tu fais quand ton âme est en grâce et dans tout ce qu'après ta mort on offrira pour toi, il y a une part à laquelle tu peux renoncer au profit d'autres personnes, qu'elles soient vivan­tes ou déjà mortes.

 

            Eh bien, mon fils, je désirerais cette part tout entière, afin de la distribuer aux personnes qu'il me plaît. Je sais mieux que toi chez qui l´établissement de mon règne presse davantage, qui re­cevra avec plus de profit le fruit de tes bonnes œuvres, et ainsi je pourrai l'ad­ministrer mieux que toi. Bien entendu, cette donation n´empêche point certains sufrages que l´obéissance ou la charité te demanderont.

 

            Tu dois donc tout me donner avec entière confiance et me laisser la libre disposition de tous tes biens : et quoique tu ne doives pas avoir en vue ton propre intérêt, tu verras que tes affaires mar­cheront mieux alors même que j'éprou­verai ta confiance dans quelques cas particuliers.

 

            Tes affaires iront toujours de l'avant et d'autant plus vite que tu te donneras plus de peine pour servir mes intérêts; plus tu penseras, à moi, plus je penserai à toi; plus tu t´occuperas de ma gloire, plus je m'occuperai de la tienne; plus tu prendras soin de mes affaires, plus j'en prendrai des tiennes. Mais tâche, mon fils, d`être désintéressé. Il y a des personnes qui ne savent penser qu´à elles: leur monde spirituel est un système planétaire dont elles occupent le centre; et tout le reste, même mes intérêts, sont comme des planètes qui circulent autour; cet égocentrisme spirituel est un mauvais système astronomique!

 

Seconde partie de la Consécration

 

            Et nous voilà á la seconde partie de la consécration: «Aie soin de Moi et de mes affaires. »

 

            Cette partie est celle qui t´intéresse le plus, parce que c'est celle qui te regarde de plus prés. L'autre était la mienne; si je te demandais de tout me donner c´était afin que tu puisses avoir les mains libres pour remplir les devoirs que t´impose ta part dans la consécration, cette part dans laquelle tu dois mettre toute ton. âme, puisqu'elle doit être comme le thermomètre qui indique les degrés de ton amour: ta part est donc: avoir soin de mes intérêts.

 

            Et sais‑tu quels sont mes intérêts? Je n´en ai pas d´autres que ceux des âmes, mon fils, ce sont là tous mes intérêts, mes trésors et mon amour; je veux, comme je le disais á ma servante Marguerite, «établir l´empire de mon amour dans tous les cœurs.» Mon règne n'est pas encore arrivé; il a, il est vrai, quelque diffusion extérieure dans toutes les nations catholiques; mais ce règne intérieur et profond par lequel mon amour et mes affaires seront la véritable loi et la règle de conduite pour les âmes, ce règne-là comme il est encore peu étendu dans les pays chrétiens! Et ce n'est pas la terre qui manque; elles sont nombreuses les âmes qui y sont préparées et qui le seront chaque jour davantage; ce qui manque, ce sont des apôtres. Donne‑moi un mur touché de cet aimant et tu verras que les autres seront vite aimantés.

 

Genres d'apostolat

 

            Qu'il est facile d'être mon apôtre! Il n'y a ni sexe, ni âge, ni condition qui soient exclus. Ils sont si nombreux les moyens de travailler! Compte un peu:

 

1. LA PRIÈRE,

            c'est‑a'‑dire demander continuellement au Ciel que mon règne arrive; le demander à mon Père, me le demander à moi- même, a ma sainte Mère, á mes Saints. Le demander á l´église, á la maison, dans la rue, pendant ton travail journalier: «Cœurs de Jésus, que votre règne arrive!» Voilà l´aspiration que tu devrais ne jamais oublier; dis‑la dix, vingt, cinquante, cent, deux cents fois par jour jusqu'à ce qu'elle te soit familière; cherche les moyens pour ne pas l´oublier. Qui ne peut pas être un Apôtre de cette façon? Et qu'il est bon cet apostolat des oraisons jaculatoires! Donne‑moi une multitude d'âmes qui ne fassent que lancer ces traits et dis‑moi si elles ne parviendront pas au ciel: ce sont des molécules de vapeur qui, s'élevant, constituent les nuées et redescendent après en pluie qui fertilise le monde.

 

 

2. LE SACRIFICE,

            en premier lieu, passif ou d´acceptation. Combien d´ennuis, de dégoûts, de tristesses, d´amertumes petites ou grandes ne supportez-vous pas tous le jours ? Je les ai supportées également. Eh bien! Tout cela souffert en silence, et, si tu le peux, avec allégresse, quel beau trésor pour mon apostolat ! Que de croix se perdent inutilement parmi les hommes!  Et ce sont de si beaux bijoux ! En second lieu, le sacrifice actif, je veux dire la mortification. Tâche de t´habituer à ne jamais te laisser vaincre par tes défauts, même dans les petites choses ; c´est là une excellente pratique de la vie spirituelle. Tu passes dans la rue et tu éprouves le désir de voir telle ou telle curiosité, ne la regarde pas. Il te plairait de savourer une friandise ; ne la goûte pas. On a dit de toi quelque chose qui n´est pas vrai mais dont les conséquences ne sont pas graves; laisse dire sans t´excuser. Ainsi, dans le autres cas, offrant tout pour que je règne. Et  si ta générosité t´y anime, tu pourras arriver à d´autres pénitences plus grandes. Vois-tu quel champ magnifique pour l´apostolat ! Et celui-ci vraiment efficace !

 

 

 

3. OCCUPATIONS

            Beaucoup de personnes disent qu'elles ne peuvent pas travailler pour mon règne parce qu´elles sont toujours occupées ; comme si, bien accomplis, le devoirs de leur état et les obligations de leurs emplois ne pouvaient être de vrais travaux apostoliques! Oui, mon fils, tout dépend de l'intention avec laquelle on les fait. Le même morceau de bois peut servir pour allumer le feu ou pour faire une image digne d'être placée sur un autel. Pendant tes travaux journaliers, tâche de lever fréquemment tes yeux vers moi et de te complaire á bien faire les choses pour l´amour de moi, pour qu'ainsi tes, œuvres soient des pièces de monnaie que tu mets de côté pour m'aider a' établir mon règne sur la terre. Tu dois aussi t´efforcer d'être chaque jour plus saint, mais pai­siblement; et ainsi, plus tu seras saint, plus tes œuvres seront efficaces. Ainsi tu vivras parfaitement ton offrande d'asso­cié de l'Apostolat de la Prière, qui est la consécration réalisée.

 

4. PROPAGANDE

            Quelquefois tu pourrais prêter quel­que appui à certaines entreprises de mon divin Cœur: recommander telle ou telle pratique, à ceux qui l´entourent; les ga­gner, si tu le sais faire, afin qu'i1s se donnent á moi comme toi‑même tu l´auras fait. Et si tu trouves des diffi­cultés pour parler, une feuille ou bro­chure n'en trouvent pas: tâche de les répandre; mets‑les de temps en temps dans une enveloppe et envoie‑les quelque part dans le monde. Que d'âmes ont été gagnées par ces missionnaires inconnus!

 

            Vois donc s'il y a des manières de travailler pour l´établissement de mon règne! Si tu ne luttes pas, ce ne sera pas faute d'armes. Il n'y a pas un seul moment  du jour dans lequel tu ne puisses combattre et manœuvrer avec quelqu'une d'elles. Tu dois imiter la giroflée et l´hé­liotrope qui regardent sans cesse l´astre ­roi. C´est très facile d'être mon apôtre, et e'est si beau! Une vie toujours illumi­née de cet idéal resplendissant! Toutes les œuvres du jour converties en charité! O mon fils, qu'il sera doux à l´heure de la mort de regarder en arrière et de trouver cinq, dix, vingt années ou plus encore dont chaque jour se sera passé ainsi!

 

Conclusion

 

Courage donc: lance‑toi. Des milliers de personnes l´ont fait et elles étaient en chair et en os tout comme toi! Choisis un jour de fête, le premier qui arrivera; et, en attendant qu'il arrive, prépare‑toi par la considération calme de ces idées. Le jour arrivé, confesse‑toi el communie avec ferveur, et, quand tu m'auras dans ton cœur, fais alors ta con­sécration, car c´est le moment le plus propice. Pour le faire plus facilement el parce qu'il est nécessaire de faire une véritable et complète consécration, puis que cela doit être dorénavant un plan de vie nouvelle, tu trouveras ici un modèle de cette consécration avec toutes les idées nécessaires. Mais je te le répète, mon fils, n'aie point peur, rien de cela ne l´oblige sous peine de péché, même véniel; je veux de la générosité, de la grandeur d'âme, de l'amour; je ne te demande de faire que ce que tu pourras. Et qui ne peut pas faire ce qui lui est possible? Ensuite, n´oublie pas de la renouveler chaque jour chez toi en t´éveillant par l´offrande, à l´église et souvent, partout, parce que cette rénovation quotidienne est un point très important: si tu ne le fais pas, tu l´oublieras vite; si tu la renouvelles, tu finiras par la bien accomplir. Fais ainsi, mon fils, si tu commences avec courage, quelle douce brise, quel courant de sang nouveau tu sentiras donner des forces à ton âme!

 

            Et maintenant, mon fils, deux conseils pour finir: le premier est de ne pas m'oublier á l´autel. Le culte de mon image me plaît certainement, mais celui que l'on rend à ma personne, me plait davantage encore. L'Eucharistie est mon sacrement, parce que c'est le sacrement de mon amour. Je voudrais que tu me  reçoives fréquemment et je souhaiterais aussi te voir chez moi quelquefois pendant la journée; oh! tu ne comprends pas comme je suis reconnaissant quand je reçois ces visites d'ami! L'autre con­seil est de faire un petit effort pour trou­ver chaque jour quelques instants pour lire et méditer quelque chose a propos de mon divin Cœur. De cette façon tu iras, petit à petit, ouvrant la coquille qui renferme la perle précieuse qu'est cette dévotion divine.

 

Consécration pour tous les jours

 

            O Reine des Cieux et Mère très aimable ! Moi (N. N.), quoique plein de misère et de bassesse, animé par l´amoureuse invitation du Cœur de Jésus, je  désire me consacrer tout entier á lui mais, reconnaissant mon indignité e mon inconstance, je ne veux rien offrir si ce n'est par vos mains, et après vous avoir confié le soin de me faire bien accomplir ma consécration.

 

            Cœur Sacré de Jésus, Roi de bonté et d´amour, plein de reconnaissance, j'ac­cepte volontiers et de toute mon âme ce contrat d'avoir soin de vos affaires et de vous confier les miennes, quoique, vous le savez bien, ce soit vous qui perdiez au change. Je veux que tous mes biens soient á vous, je mets tout entre vos mains: mon âme et son salut éternel; ma liberté, mes progrès dans la vie spirituelle, mes misères; mon corps avec la vie et la santé; le petit nombre des bon­nes œuvres que je pourrai faire ou que d'autres offriront pour moi pendant ma vie ou après ma mort; ma famille, mes intérêts, mes affaires, tout, pour que vous en disposiez comme bon vous semblera, car, de mon côte, je suis disposé á tout, coûte, si la décision vient de votre divin Cœur.

 

            Je veux en retour que le temps qui me reste à vivre ne soit plus perdu; je veux faire quelque chose, et même beaucoup, pour que vous régniez dans le monde; par la prière, par mes occupations jour­nalières, par les peines que j'accepte dès maintenant, par mes mortifications, je veux que tous les moments de ma vie soient employés  à propager et á établir votre divin Règne. Faites que tous nies actes portent le sceau de votre règne et de votre gloire jusqu'à la fin de mes jours et que mon dernier soupir soit l´acte de parfaite charité qui finisse une vie d´apôtre.

            Ainsi soit‑il.